Marque d’usage / Connotation / Appropriation (2 de 2)

 

Ce que les utilisateurs ont fait de leur langue

ou

Ce que le dictionnaire dit qu’ils en ont fait

(2)

 

J’ai terminé mon précédent billet en mettant en évidence la distinction généralement admise entre dénotation et connotation.

Pour rappel, est appelé dénotation l’« Ensemble des éléments fondamentaux et permanents du sens d’un mot ». Ou, si vous préférez, le « sens stable d’un mot, susceptible d’être utilisé hors discours ». Pour ce qui est de la connotation, c’est le « Sens particulier d’un mot, d’un énoncé qui vient s’ajouter au sens ordinaire selon la situation ou le contexte (i.e. en discours) ». (1)

Dénotation (valeur objectivestable du mot, hors discours) s’oppose à connotation (valeur subjective, variable du mot, en discours). 

Comment le dictionnaire présente-t-il ces deux facettes d’un même mot?

La dénotation n’est jamais formellement indiquée dans un dictionnaire. C’est le sens premier, fondamental, d’un mot, sens qui ne dépend pas de l’emploi qu’un locuteur peut en faire. La connotation, elle, est généralement précédée d’au moins une marque d’usage, car elle reflète l’emploi particulier qu’en font ou que devraient en faire les locuteurs. Ce qu’illustre bien l’entrée babines dans Le Petit Robert :

 1.  Lèvres pendantes de certains animaux. Chien qui retrousse les babines.

 2.  Fam. Les lèvres (d’une personne).

Le mot babines ne désigne donc les « lèvres d’une personne » que s’il est employé familièrement (Fam.) Comme dans l’expression « Il faudrait bien que les bottines suivent les babines », qui s’utilise chez nous pour dire que les gestes devraient suivre la parole. Et les marques d’usage, nous l’avons également vu dans le précédent billet, servent, entre autres, à indiquer de nombreuses restrictions d’emploi (à une discipline, à une région, à un niveau de langue, etc.). L’acception qui en est précédée est donc, dans un certain sens et dans bien des cas, d’un usage restreint, limité.

Pourquoi parler d’usage limité?

Parce que l’idée que certaines gens se font d’un mot n’est pas nécessairement la même pour tous. Pas même pour les lexicographes, comme nous l’avons démontré dans le précédent billet. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai ajouté peut-être dans la Mise en garde initiale.

La question qui se pose alors est de savoir pourquoi certaines gens attribuent à un mot donné un sens qui s’ajoute au sens ordinaire, qu’on appelle connotation. C’est que, nous dit Darmesteter (1), l’expérience de chacun est différente. Soit, mais, vue sous un autre angle, la question devient : pourquoi les dictionnaires précisent-ils que telle acception d’un mot est connotée si la connotation n’est le fait que de certains utilisateurs? Ce faisant, n’orientent-ils pas l’usage plutôt que le décrire? Selon moi, c’est le cas.      

Si l’on se donne la peine d’examiner de près l’usage que les dictionnaires font de ces marques, on constate que bien des facteurs semblent intervenir dans leur attribution. J’ai choisi, pour illustrer mon point, trois mots courants tirés du Petit Robert, mots qui sont précédés, à l’une ou l’autre de leurs acceptions, d’une marque d’usage, en l’occurrence péj. Ces mots sont individucollaborateur et celui qu’il ne faudrait apparemment plus prononcer mais toujours dénoncer, nègre.

Individu

Au tout début de mes études en traduction, on me met en garde contre l’emploi du mot individu. Ce mot, me dit-on alors, a une connotation. Il ne faut pas l’utiliser de façon inconsidérée. Ah bon! Je l’ignorais, mais… ce devait être vrai, puisqu’on me l’enseignait. Pour m’en assurer — je n’avais déjà pas la crédulité facile —, je consulte mon Petit Robert de l’époque. Dans l’édition de 1982 — tout comme dans l’édition de 2017 —, je lis : 

II.  (1791) Cour. (souvent péj.) Personne quelconque, que l’on ne peut ou que l’on ne veut pas nommer. 

Entre les mains de l’équipe du Petit Robert, la marque d’usage Cour. sert à indiquer « qu’un sens, un emploi est connu et employé de tous […] ». Ce qui est effectivement le cas pour cette acception. J’y recourais moi-même, à l’occasion, pour désigner une personne quelconque. Mais il arrive souvent, nous dit encore ce dictionnaire, que des gens lui attribuent une connotation péjorative. Ça, c’est une surprise. Qu’y a -t-il de péjoratif dans le fait d’utiliser le mot individu pour désigner une personne quelconque? Je comprendrais si on lui faisait pour dire : « Personne dont on parle avec mépris ». Mais tel n’est pas le cas, du moins pas selon cette source. Elle lui fait dire : « Personne quelconque, que l’on ne peut ou que l’on ne veut pas nommer. » De plus, la fréquence d’emploi de cette connotation est modulée… par l’adverbe souvent. Qui dit souvent ne dit pas toujours. Cette acception connotée est donc d’un usage limité. C’est dire que, pour certaines gens, ce mot n’a aucune connotation péjorative. Ce qui est clairement le cas de celle qui a écrit :

« À travers les siècles, des individus de langues et de cultures différentes ont pu se comprendre et échanger des biens et des idées, grâce à des intermédiaires, les traducteurs et interprètes, qui maîtrisaient plus d’une langue. »

Le Petit Robert ne précise d’ailleurs pas pourquoi « l’on ne peut ou l’on ne veut pas nommer » cette personne. Bien des raisons pourraient être invoquées. Ce pourrait être parce qu’on ignore son nom; parce qu’on ne sent pas le besoin de l’identifier; parce qu’on veut laisser planer un doute, dans l’esprit de son interlocuteur ou de son lecteur, sur son identité; parce qu’on s’est engagé à taire son nom… Bref, ce mot, avec cette acception, peut s’employer pour bien des raisons. Sans qu’il ait de connotation péjorative. Alors quand en a-t-il une?… Uniquement, me semble-t-il, quand l’émetteur (locuteur ou rédacteur) lui en confère une ou quand le récepteur (lecteur ou auditeur) lui en attribue une, sans savoir si l’émetteur en avait l’intention. Voilà un mot dont l’emploi est… disons-le… problématique.

Clairement, d’après ce dictionnaire, certaines gens en sont venus (2) à faire dire à ce mot plus que ce qu’on lui faisait dire au départ, i.e. « Membre de l’espèce humaine ». Comment expliquer ce changement dans l’emploi du mot, comment justifier cette connotation? Je n’arrive tout simplement pas à me l’expliquer. Encore bien moins à vous l’expliquer. J’en suis même à me demander si c’est vraiment le mot lui-même qui porte cette charge négative. Si je soulève un tel doute, c’est que les exemples cités par Le Petit Robert m’y forcent presque :  

« C’est un drôle d’individu, un individu bizarre. Louche, sinistre, triste individu. Individu peu recommandable. Dangereux individu. »

La connotation péjorative attribuée au mot individu ne lui viendrait-elle pas plutôt de l’adjectif qu’on lui accole? Ou, dit autrement, est-il vrai que individu, utilisé sans qualificatif, peut désigner une « personne dont on parle avec mépris »? Il est toujours possible qu’un rédacteur veuille le lui faire dire, mais rien ne nous dit que le lecteur, lui, en fera autant. Là est tout le problème. C’est dire que le message ne passera, sans interférence, que SI et seulement SI le mot individu est accompagné d’un adjectif dont le sens premier est négatif, comme l’illustrent si bien les exemples cités par Le Petit Robert.  

La présence de la marque d’usage péj. précédée de souvent signale, dans ce cas-ci, une application vraiment limitée. Le mot n’aurait, selon moi, une connotation péjorative que s’il est accompagné d’un adjectif qui la lui confère. Autrement dit, ce n’est pas le mot individu lui-même qui a cette connotation, mais bien l’adjectif qu’on lui accole, qui, lui, a une dénotation et non une connotation négative. À preuve, individu, au sens de « personne qu’on ne peut ou qu’on ne peut nommer » peut facilement s’utiliser avec des adjectifs qui ont une dénotation positive. En voici quelques exemples, qui, soit dit en passant, ne viennent pas tous du même côté de l’Atlantique :

  1. Selon vous, notre société a-t-elle besoin d’admirer des individus extraordinaires? (source
  2. La civilisation industrielle, qui avait un caractère de grosse machine homogénéisante, laisse place à de nouvelles opportunités pour l’individu inventif et courageux, mobile et audacieux. (source
  3. Éric Lucas est un individu rare, une personne unique. Il est caractérisé par des valeurs de persévérance, de discipline en tant qu’athlète et de respect. (source)  

Le fait que le mot individu soit généralement accompagné d’un adjectif ayant un sens négatif (3) ne justifie pas, selon moi, qu’on lui attribue, sans aucune réserve, une connotation péjorative. Pas plus, soit dit en passant, qu’au mot Français dans l’expression québécoise Maudits Français. Tout dépend de son contexte d’utilisation.

Bref, la mise en garde qu’on m’a faite relativement à l’emploi du mot individu aurait dû être nuancée. Mais elle ne l’a pas été. C’est pourquoi, parce que mal conseillé mais bien conditionné (V. La langue et Pavlov) , je me suis fait un devoir de ne plus jamais utiliser ce mot. De crainte qu’on me prête des intentions que je n’avais pas.   

Collaborateur

Le mot collaborateur n’a toujours eu pour moi qu’un sens, celui de « Personne qui travaille avec une ou plusieurs autres personnes à une œuvre commune ». C’est ce que je laisse entendre quand je dis : J’aurai bientôt besoin d’un collaborateur. C’était un bon collaborateur. Voici mon plus proche collaborateur.   

Mais, en France, durant la Deuxième Guerre mondiale (ou la Seconde, si vous êtes optimiste), ce mot s’utilise aussi pour désigner un « Français partisan d’une collaboration totale avec l’Allemagne ». C’est ce que nous dit Le Petit Robert. Pour moi, qui habite de l’autre côté de l’Atlantique, appeler collaborateur une personne ayant collaboré avec l’ennemi de sa patrie en temps de guerre, ne peut qu’être péjoratif. Surprenamment (adv. non consigné dans les dictionnaires courants, mais que tous comprendront, j’en suis sûr), Le Petit Robert de 1967 n’accole à cette acception aucune marque d’usage. Elle serait donc neutre! Voilà qui dépasse mon entendement. Toutefois, à sa forme abrégée, collabo, ce dictionnaire accole la marque pop. Il n’y a là rien de bien surprenant, car toute abréviation est mal vue dans la langue soutenue. De plus, ce qui est populaire n’a rien en soi de péjoratif, vous en conviendrez. Donc, aucune connotation. Et il en sera ainsi jusqu’en 1992.

Puis, en 1993, année de parution du Nouveau Petit Robert, un changement est apporté. L’abréviation collabo, et elle seule, se voit attribuer une nouvelle marque d’usage : fam. et péj. Je n’ergoterai pas sur le remplacement de pop. par fam. Il y a plus important . J’attire plutôt votre attention sur l’apparition de la seconde marque. Ce qui n’était pas péjoratif en 1992 le devient subitement en 1993. Près d’un demi-siècle, est-il besoin de le rappeler, après la fin de la guerre, après la disparition de ce genre d’individu. Il en a fallu du temps, pour qu’on s’en rende compte! Depuis cette année-là, Pétain serait mieux vu par ceux qui ont un langage soutenu (il serait un collaborateur, terme neutre) que par ceux qui s’expriment dans un langage moins recherché (il serait un collabo, terme péjoratif)! Pour une surprise, c’en est une!

Dois-je en conclure qu’avant 1993 le lexicographe qui distribuait les marques d’usage dormait au gaz, comme on dit parfois chez nous?…  Force m’est de reconnaître que 1993 fut une année de grands changements. Pour Le Petit Robert, du moins. C’est également cette année-là que item est devenu, contre toute attente, un anglicisme! (Voir https://wordpress.com/post/rouleaum.wordpress.com/2357) Et ce ne sont pas les deux seuls changements qui y ont fait leur apparition, je vous prie de me croire.

Comme elle l’est dans le cas de individu, la connotation péjorative associée à l’utilisation du mot qui désigne toute personne qui a été de mèche avec l’ennemi de sa patrie, à savoir les Allemands, est d’un emploi limité. Limité à son abréviation collabo; limité dans l’histoire (la Seconde Guerre mondiale); limité dans le temps (depuis seulement 1993) et limité à la France. Impossible de trouver plus limité que cela. Au Québec le mot collaborateur n’a jamais eu une telle connotation.

Nègre

            Par les temps qui courent, il serait très mal vu de prétendre que le mot nègre ne véhicule aucune charge émotive; qu’il est neutre. Il suffirait, pour en convaincre les plus récalcitrants, d’appeler à la barre les dictionnaires courants. En chœur, ils en condamnent l’emploi. Non pas tant par l’ajout d’une marque d’usage, comme péj., mais plutôt par la description qu’ils en font. Ils sont unanimes : c’est un terme raciste.   

Le Petit Robert définit nègre de la façon suivante :  

Vieilli ou péj. Noir, Noire. Rem. Terme raciste sauf s’il est employé par les Noirs eux-mêmes (➙ négritude).

Et le Larousse en ligne :

Vieilli. Terme injurieux et raciste pour désigner une personne de couleur noire.

Alors… quiconque oserait aujourd’hui utiliser ce mot serait à coup sûr conspué. Je ne vous conseille d’ailleurs pas d’en faire l’essai, surtout pas si vous enseignez à l’université. Vous pourriez peut-être être suspendu temporairement. Qui sait? 

D’où vient donc ce mot qu’il ne faudrait plus utiliser?

Pour répondre à cette question, un détour s’impose, un détour qui vous fera voir le problème sous un éclairage différent. Du moins je l’espère. J’appelle donc à la barre le linguiste français Arsène Darmesteter, auteur de La vie des mots étudiée dans leurs significations (Libraire Delagrave, Paris, 1887), ouvrage que tous ceux qui s’intéressent aux mots devraient avoir lu ou devraient impérativement lire. (4)

Voyons ce qu’il en est de la vie d’un mot, quel qu’il soit. Et aussi des changements de sens dont il peut faire l’objet. Soit dit en passant, ces changements touchent les diverses parties du discours. Certaines plus que d’autres toutefois. Ce n’est donc pas la nature grammaticale du mot qui importe, mais bien la démarche de l’esprit qui sous-tend ce changement. Cette démarche, Darmesteter nous la présente en ces termes :  

  • « Tout substantif désigne à l’origine un objet par une qualité particulière qui le détermine. […]  Cette qualité particulière qui sert à dénommer l’objet est le déterminant, ainsi dit parce qu’il le détermine et le fait connaître par un caractère spécial. » 
  • « Dans toute langue, tout nom dont on trouve l’étymologie se ramène invariablement à un qualificatif, et la recherche étymologique […] consiste précisément à reconnaître les qualificatifs qui se cachent derrière les noms. »
  • « Le choix du déterminant, tel est le premier acte de l’esprit dénommant un objet : il y saisit une qualité et en prend le nom pour en faire le nom de l’objet. »

C’est ainsi que, par exemple, le mot fleuve tire son origine d’une « qualité qui détermine » la chose ainsi désignée, à savoir le fait que l’eau n’est pas stagnante, mais qu’elle coule (de fluvius, du verbe latin fluo, ere : couler). Ou encore que le mot rivière tire son origine d’une autre qualité de la même chose, à savoir le fait que l’eau coule « entre deux rives ».

Autrement dit, le nom n’a pas pour fonction de définir la chose. Seulement d’en éveiller l’image. Voilà une caractéristique sur laquelle on devrait insister davantage.  

Il arrive aussi qu’un déterminant (i.e. un adjectif) en vienne à désigner le déterminé auquel il était généralement associé. Dans un tel cas, il change de catégorie grammaticale; il devient nom.

Vous n’êtes pas sans savoir qu’Ottawa est la capitale du Canada; Bruxelles, celle de la Belgique; Paris, celle de la France. Mais sauriez-vous dire pourquoi on donne à ces villes le nom de capitale?… Peut-être que non. Voici donc comment Darmesteter l’explique. Au départ, ce mot est un adjectif (latin capitalis, de caput « tête ») qui, accolé au mot ville confère à ce dernier une « qualité qui le détermine ». Dire d’une chose qu’elle est capitale, c’est reconnaître son importance. La ville capitale, c’est donc la ville qui est à la tête du pays, celle qui est la plus importante, celle en fait où siège le gouvernement. L’ajout de ce déterminant permet ainsi de distinguer cette ville de toutes les autres villes du pays. Puis, les usagers ont pris l’habitude de faire l’économie du mot ville. Ils ont fait dire à capitale, converti en nom, ce que ville capitale voulait dire. Ils ont pris l’habitude d’utiliser le déterminant pour désigner le déterminé, qui, lui, est disparu du décor. N’allez surtout pas prétendre que je vous apprends quelque chose… Que faites-vous chaque fois que vous dites « Cette nouvelle a fait la une. »? Qu’était une avant de désigner la première page de votre journal sinon un adjectif?…

Une fois devenu nom, le déterminant, qui sert dorénavant à désigner la chose, n’a pas pour fonction, nous l’avons déjà dit, de la définir, mais seulement d’en évoquer l’image. C’est dire qu’un mot n’a, à son apparition dans la langue, aucune connotation. Il ne naît pas « taré » ni « bonifié ». Il le devient avec les années. Selon le bon vouloir de ses utilisateurs ou celui des lexicographes qui se disent les témoins de l’USAGE.   

Histoire du mot nègre

Compte tenu de ce qui vient d’être dit, voyons ce qu’il en est du mot commençant par N, ce mot qu’il ne faudrait plus dire ni écrire.

Le Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes, du IXe au XVe siècle en fait foi, ce mot naît adjectif et signifie noir (5). En latin, noir se dit niger, nigra, nigrum. Homo niger (homme nègre) désigne donc un homme dont l’une des caractéristiques (ou qualité) est d’avoir la peau noire. Ce qui permet de le distinguer de celui qui a la peau blanche, ou homme blanc. Il n’y a là, vous en conviendrez, absolument rien d’injurieux. On dit un état de fait.  

Ce n’est que bien plus tard que ce déterminant servira à désigner le déterminé. Que nègre, d’adjectif qu’il était à ses débuts, deviendra nom. Ce qui s’est peut-être produit à la toute fin du XVIIIe siècle.

En 1797, dans son Dictionaire critique de la langue française (1787-1788), Féraud écrit :

« On apèle Mores [Maures] les Peuples de l’Afrique du côté de la Méditerranée: et Nègres, ceux qui sont du côté de l’Océan, et sur-tout, ceux qu’on transporte dans les Colonies Européennes, et qui y servent comme esclâves.» (source) 

Ce que, près d’un siècle plus tard, Littré reprendra à son tour :

« Quand les Portugais découvrirent la côte occidentale de l’Afrique, ils donnèrent aux peuples noirs qui l’habitent le nom de negro, qui signifie noir. De là vient notre mot nègre. L’usage a gardé quelque chose de cette origine. Tandis que noir se rapporte à la couleur, nègre se rapporte aussi au pays ; et l’on dit plutôt les nègres, en parlant des habitants de la côte occidentale d’Afrique, que les noirs. »

Que l’on se serve du mot nègre pour désigner, comme le fait Féraud, les habitants de l’Afrique de l’Ouest ou encore ceux d’entre eux qui sont arrachés à leur pays pour être vendus comme esclaves n’a, encore là, rien d’injurieux, rien de péjoratif. Le mot ne sert qu’à désigner, de façon concise, une réalité particulière. Le mot sert à décrire un état de fait. Pas à exprimer un jugement de valeur. C’est d’ailleurs ce que fait Chateaubriand, dans Le génie du christianisme. Il utilise, indifféremment et sans connotation péjorative, à quelques lignes d’intervalle, femme nègre et négresse. (source)  

Ceux qui liraient ce texte avec des verres déformants [très à la mode par les temps qui courent] y verraient certainement du racisme. Ils exigeraient sans doute que cet ouvrage soit exclu de tout cours de littérature, qu’il soit mis à l’index, comme on disait autrefois. Même si ce faisant, ils prêtent à Chateaubriand des intentions qu’il n’a jamais eues.

Quand a-t-on commencé à attribuer à nègre une valeur péjorative?

Voilà une question fort pertinente, à laquelle il est toutefois extrêmement difficile de répondre.

On pourrait penser, sans pour autant en être sûr, que c’est au tournant du XIXe siècle.

Dans le DAF (5e éd., 1798), les Académiciens font dire à l’expression familière Traiter quelqu’un comme un nègre : « Le traiter avec beaucoup de dureté et de mépris », contrairement à Féraud pour qui l’expression voulait dire : « Le traiter fort mal, le traiter comme un esclâve ». Esclave est devenu mépris, sous la plume des Immortels. Ces derniers n’ignorent certainement le sens de mépris. Pourquoi alors y recourir?  

Est-ce qu’un esclave (mot qui dit un état) ne mérite que du mépris (mot qui dit un sentiment)? Quelqu’un ne peut-il pas être esclave et être quand même bien traité par son maître?… La question ne se pose même pas, selon moi. Être la personne qui dirige le service de table chez un riche planteur — fonction réservée à un « nègre » dans les colonies —, n’est pas en soi plus méprisable qu’être, de nos jours, maître d’hôtel chez un riche particulier. Serait-ce donc aux Immortels que l’on devrait l’ajout de cette connotation péjorative, véhiculée par le mot mépris?… Je ne fais que spéculer, vous l’aurez compris.

Qu’en disent formellement les Immortels, ces protecteurs patentés de la langue?

Presque 150 ans plus tard, plus précisément dans la 8e édition (1935) de leur dictionnaire, les Académiciens ne font toujours pas mention d’une quelconque connotation. Elle apparaîtra dans l’édition suivante. Dans le 9e éd., (1985-…), ils ajoutent une précision : « ce terme [est] souvent jugé dépréciatif ». Souvent, mais pas toujours! Donc son emploi ainsi connoté est, lui aussi, limité. — Ce qui n’est pas sans vous rappeler ce qui a été dit de l’emploi des mots individu et collaborateur. — Aucun bannissement formel. Être dépréciatif serait-il moins grave qu’être péjoratif?… Chose certaine, cette connotation est moins incisive que celle que leur attribue les dictionnaires courants, pour qui il s’agit d’un terme raciste.

Au fait, depuis quand ce terme est-il qualifié de raciste?

Il semblerait que ce changement ait été apporté au tournant du siècle. Du moins si l’on en croit le Larousse. Dans Le Petit Larousse 2000, le mot nègre est défini de la façon suivante : « personne de couleur noire » [c’est sa dénotation]. Suit immédiatement, entre parenthèses, la remarque suivante :

Le Petit Robert 2001, lui, le dit péjoratif. Sans plus. Et ce, depuis 1967. Ce ne sera qu’en 2010, ou un peu avant, qu’on verra apparaître le qualificatif raciste. Non pas en tant que marque d’usage — une telle marque n’a jamais existé — mais de la façon suivante : « Rem. Terme raciste sauf s’il est employé par les Noirs eux-mêmes. »

Comme cela est le cas pour les mots individu et collaborateur, cette acception connotée est d’un emploi limitée. Ce n’est pas l’emploi de fréquemment au lieu de souvent qui change la donne. Mais cette fois-ci, la limitation est beaucoup plus précise. On identifie clairement ceux qui peuvent l’utiliser sans se le faire reprocher. Ce sont les Noirs et eux seuls.

Ne devrait-on pas, selon la même logique, considérer Nègre blanc comme un « Terme raciste, sauf s’il est employé par les Blancs eux-mêmes. »? Il me semble que oui, mais tous ne le voient pas du même œil, comme en fait foi cet extrait :

« La Commission scolaire Lester-B.-Pearson (CSLBP) a retiré cette semaine des salles de classe de 4e secondaire le livre Journeys Through the History of Quebec and Canada, parce que l’ouvrage fait référence à l’essai Nègres blancs d’Amérique, de Pierre Vallières. 

En entrevue au quotidien The Gazette, le président de la CSLBP, Noel Burke [il n’a rien d’un Noir], a fait valoir que la mention du livre de Vallières n’a pas sa place dans un manuel scolaire. Pour lui, il n’y a pas que le titre qui est inapproprié : le contenu même de l’essai de Vallières est offensant, estime Noel Burke. »  (source  

Mais au fait, peut-on vraiment considérer Nègre blanc comme un terme raciste? Ceux qui le pensent ne confondent-ils pas dénotation et connotation? Ce n’est pas le sens du mot nègre (ou dénotation, image générale) qui est raciste, mais bien le sens que certains lui attribuent (ou connotation, images secondaires). (Relisez la note (1) en vous disant que le mot dont il est question est nègre.) Ceux-là mêmes qui bannissent cet ouvrage sont-ils seulement conscients que les nègres blancs  — deux mots de sens contradictoires; un bel exemple d’oxymoron?  — dont parle Pierre Vallière ne sont pas des nègres albinos, mais bien des Québécois, des Blancs, qui en avaient marre de ne pas être maîtres chez eux, d’être considérés comme des citoyens de seconde zone? Alors… Ces censeurs ne se seraient-ils pas rendus, sans trop mesurer la portée de leur geste, aux décisions de l’imprévisible « tribunal populaire des réseaux sociaux »?…   

Clairement, il y aurait encore beaucoup à dire. Mais ce sera pour plus tard.

Maurice Rouleau

(1)   ArsèneDarmesteter, dans La vie des mots étudiée dans leurs significations, décrit admirablement bien ce qu’est la connotation. Sans jamais l’appeler par son nom… Fort heureusement, car cela nous permet, pour parler comme Rabelais, de mieux en « suçer la substantifique moelle ». Voici ce qu’il en dit :  

« Ainsi, dans toute langue il y a des mots qui n’expriment pas exactement pour tous la même idée, n’éveillent pas en tous la même image, fait notable qui explique bien des mésintelligences et bien des erreurs. Nous touchons ici à un point capital de la vie du langage, les rapports des mots avec les images qu’ils évoquent. Le plus ordinairement, chez chacun de nous, les mots, désignant des faits sensibles, rappellent à côté de l’image générale de l’objet [dénotation] un ensemble d’images secondaires plus ou moins effacées, qui colorent l’image principale de couleurs propres, variables suivant les individus [connotation]. Le hasard des circonstances, de l’éducation, des lectures, des voyages, des mille impressions qui forment le tissu de notre existence morale, a fait associer tels mots, tels ensembles d’expressions à telles images, à tels ensembles de sensations. De là tout un monde d’impressions vagues, de sensations sourdes, qui vit dans les profondeurs inconscientes de notre pensée, sorte de rêve obscur que chacun porte en soi. Or, les mots, interprètes grossiers de ce monde intime, n’en laissent paraître au-dehors qu’une partie infiniment petite, la plus apparente, la plus saisissable : et chacun de nous la reçoit à sa façon et lui donne à son tour les aspects variés, fugitifs, mobiles, que lui fournit le fonds même de son imagination. » [Chap. 1, Vue générale de la question, # 35]

En bon pédagogue qu’il est, Darmesteter poursuit :

« Donnons un exemple pour éclairer les idées. Supposons qu’on demande en même temps à un groupe de personnes de représenter instantanément et naturellement, sans effort d’imagination, le tableau qu’indiquent ces simples mots : un rocher surplombant au bord de la mer. Si ces personnes comparaient les uns aux autres les tableaux qu’aurait évoqués chez elles cette ligne, il est à peu près sûr qu’aucun de ces tableaux ne ressemblerait aux autres; la forme du rocher, l’aspect de la grève et des vagues varieraient avec les individus, et cela parce que les impressions antérieures auraient déterminé chez chacun d’eux des façons différentes de se les représenter.

C’est là que paraît l’imperfection de cet instrument par lequel les hommes échangent entre eux leurs pensées, de cet instrument si merveilleux à tant d’autres égards, le langage. »

(2)   Ceux qui seraient tentés de mettre venues au lieu de venus parce que le sujet [certaines gens] est féminin feraient mieux d’y penser avant d’agir. Ils devraient savoir que leur logique, celle qui les ferait intervenir, n’est pas toujours bonne conseillère. Comme cela est souvent le cas en langue. On a certes tous appris que l’accord d’un verbe au passif est commandé par le genre et le nombre du sujet (ex. ceux qui sont tentés; celle qui est tentée), mais cela n’est pas toujours vrai. Surtout pas quand le sujet du verbe est gens. Il faut absolument écrire « Certaines gens sont venus ». C’est une aberration de la langue française, que tout francophone, ou francophile, se doit de mémoriser bêtement. (V. ICI)   Ce n’est d’ailleurs pas la seule. Je pense, par exemple, à la locution quelque chose, que d’instinct on fait féminine. Ne dit-on pas une chose, une bonne chose? Oui, mais, par l’opération de je ne sais qui, cette locution indéfinie est dite masc.

(3)   Dans son Dictionnaire des cooccurrences (Guérin, éditeur ltée, 2001, 394 pp.), Jacques Beauchesne énumère 31 adjectifs utilisés pour qualifier le mot individu. De ce nombre, un seul a un sens mélioratif, à savoir exceptionnel. Les 30 autres ont un sens péjoratif, par ex. abject, cynique, dangereux.  

(4)   Cet ouvrage peut être consulté en ligne à l’adresse suivante : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k993536p.image ou, si vous faites partie de ceux qui aiment bien avoir leur propre exemplaire pour le simple plaisir de le tenir ou pour pouvoir l’annoter, vous pouvez vous le procurer sans difficulté. Il vient tout juste d’être réimprimé.  

(5)   Il arrive, rarement toutefois, que nègre soit encore utilisé de nos jours comme adjectif. Mais, le cas échéant, il n’a plus vraiment son sens originel. On lui fait dire plus que la couleur. Il est utilisé pour dire : « qui est relatif aux Noirs ». Comme dans art, musique, masque nègre.  Et en tant que tel, il n’a rien de péjoratif. Il n’est qu’un déterminant de la réalité dont on parle. Il dit un état de fait. Rien de plus.

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12 commentaires pour Marque d’usage / Connotation / Appropriation (2 de 2)

  1. Philippe Riondel dit :

    J’adore la mise en garde! 🙂

  2. Philippe Riondel dit :

    Je pense que cette prévention contre l’usage du mot individu est propre au Québec. C’est à l’université, en traduction, que j’ai appris avec étonnement qu’il faudrait éviter ce mot, car il serait péjoratif. S’il peut bien sûr être employé dans cet esprit, et, comme vous le soulignez, souvent avec un qualificatif (ou sur un ton qui ne laisse pas place à l’amiguïté), il ne véhicule habituellement pas cette connotation en France (et probablement ailleurs dans la Francophonie), et je ne me prive pas de l’utiliser.

    • rouleaum dit :

      Je ne doute pas un seul instant que ce soit au Québec que l’on vous ait appris l’existence de cette connotation associée à l’emploi du mot « individu », car vous avez emprunté les mêmes sentiers que moi, i.e. vous avez étudié en traduction. Mais dire que ce mot « ne véhicule pas cette connotation en France » a de quoi m’étonner. Et ce, pour une raison fort simple : c’est dans Le Petit Robert, un dict. édité à Paris, que mon prof a puisé son inspiration. Et dans ce dictionnaire, on se fait toujours un devoir de préciser les particularités de notre français. Par opposition au français de France. Dans le cas d’INDIVIDU, la marque d’usage « Région. » brille par son absence.

      Ce qui ne signifie pas que ce que vous dites soit faux.

      Je me suis laissé dire qu’en France Le Petit Robert est moins utilisé que Le Petit Larousse. Et dans ce dernier, il est vrai que la marque « péj. » brille par son absence. Mais cela s’explique très facilement. Cette connotation n’a pas à être indiquée, car elle est explicitée dans une des acceptions attribuées à ce mot, à savoir : « Personne dont on parle avec MÉPRIS ». Ce que ne fait pas Le Petit Robert.

      Ceci explique peut-être cela.

      • Philippe Riondel dit :

        Merci de votre réponse. J’ai peur de m’être mal exprimé. Comme je le disais, individu peut bien sûr être employé dans un sens péjoratif (ou méprisant) en France. Mais ce sur quoi je voulais surtout appuyer était le fait qu’il n’était pas perçu aussi souvent qu’ici comme ayant une connotation négative.

        • Sylvie Vandaele dit :

          La connotation péjorative associée au mot « individu » relève de la « prosodie sémantique » : le fait d’être en collocation avec certains mots péjoratifs finit par déteindre. Ici, on a « sombre individu », « individu louche », etc. La perception du caractère péjoratif peut donc être assez variable selon… les individus!

  3. dicthographe dit :

    Je retrouve votre blog avec plaisir et vais à nouveau en insérer des extraits dans le mégadictionnaire de la langue française (Dicthographe) si vous y consentez toujours.

    • Philippe Riondel dit :

      Bonjour,
      Je viens de découvrir le Dicthographe à la suite de votre message. Je salue cette initiative fort intéressante. Je m’étonne toutefois d’y découvrir des mots anglais comme bashing, et surtout de lire dans l’article correspondant : « Ce terme paraît convenir parfaitement pour désigner un ensemble d’attaques venant de toutes parts sans discernement. »
      Il me semble difficile de prétendre qu’un mot anglais « convient parfaitement » pour désigner certaines réalités en français, quand, d’une part, le français dispose déjà des ressources nécessaires pour désigner ces réalités, et, d’autre part, la reconnaissance de ces anglicismes ne pourra qu’accélérer la disparition, par substitution, des termes français corrects.
      Vous renvoyez certes au Dictionnaire de l’Académie française, mais en omettant l’essentiel, indiqué au bas de son article : « On ne dit pas « *-bashing » ».
      Je trouve dommage d’incorporer des mots comme ça dans un dictionnaire, car beaucoup de gens sans discernement linguistique s’appuieront sur la présence du mot dans un dictionnaire pour en justifier l’emploi. La moindre des choses me semblerait d’indiquer que ce n’est pas un mot français, avec une mention bien visible comme : « mot anglais ».
      Je ne suis pas fermé à une certaine perméabilité de notre langue à des mots étrangers, quand ils désignent une réalité nouvelle ou propre à un autre pays, lorsqu’ils viennent combler un vide ou lorsque c’est occasionnel. Mais ils, notamment les mots anglais, qui plus est employés dans une construction anglaise, n’ont pas leur place en français quand leur présence vient faire double emploi avec des mots existants ou les condamne à disparaître.
      Je vais peut-être avoir l’air de vous juger dans ce qui suis, mais il s’agit en fait d’exprimer plutôt mon incompréhension. J’aurais tendance à penser que la force qui pousse quelqu’un à se lancer dans la création d’un dictionnaire est la passion de sa langue, ce qui me semble impliquer l’idée de la défendre. Or ouvrir la porte en grand à des termes étrangers me semble aller à l’encontre de cette idée. Dans le cas de l’anglais, on ne parle plus d’évolution de la langue française, mais de submersion. Il doit entrer chaque année dans le corpus « français » autant de mots anglais que ce qui y est entré entre 1870 et 1970… c’est infernal.
      Cordialement

      • dicthographe dit :

        Le but du mégadictionnaire est de donner des éclairages sur les mots et notamment de permettre d’exprimer autrement les anglicismes. Peut-être avez-vous lu un peu rapidement la chronique de l’Académie française qui écrit « Ce terme paraît convenir parfaitement pour désigner un ensemble d’attaques venant de toutes parts sans discernement. » en ce qui concerne le mot acharnement. Quant à l’agro-bashing ou agri-bashing, ce terme est utilisé par les agriculteurs français qui y ont trouvé une manière de formuler leur angoisse.
        Je ne suis qu’un observateur et ne conçoit pas un dictionnaire comme un outil de bannissement ou de censure.

  4. dicthographe dit :

    Correction : Je ne suis qu’un observateur et ne conçois pas un dictionnaire comme un outil de bannissement ou de censure.

    • Philippe Riondel dit :

      Je ne prétends pas qu’un dictionnaire doit être un outil de bannissement ou de censure et n’ignore pas que s’il n’a normalement pas vocation à être normatif, c’est pourtant ce qu’il est en pratique, par l’usage qu’en font ses utilisateurs, soit pour affirmer que tel mot ne s’emploie pas parce qu’il n’est pas dans le dictionnaire, soit, au contraire, pour affirmer que sa présence dans le dictionnaire justifie son emploi. Les deux attitudes sont à l’évidence extrêmes, mais je pense que la démarche la plus constructive est celle, entre autres, des dictionnaires Le Robert, qui multiplient les marques d’usage.
      L’actualité me donne par ailleurs ce matin un autre sujet d’interrogation sur ce qui doit entrer dans un dictionnaire. Voici que le Larousse vient, dans sa nouvelle édition, de faire une place au prétendu québécisme « nounounerie », dont on trouve, selon le corpus Internet (Google), 14 occurrences sur des sites .ca et 168 occurrences en tout, que ma compagne québécoise « pure laine » n’a jamais entendu et que le dictionnaire Usito ignore aussi. Un dictionnaire doit-il être exhaustif au point d’y intégrer les mots les plus improbables (même si dans le cas du Larousse, le marketing n’est probablement pas étranger à la démarche)? Ça devient alors un fourre-tout sans esprit critique. Par cette digression, je ne défends pas le principe de la censure ou du banissement, mais l’idée qu’un dictionnaire, par ses choix « éditoriaux » doit faire preuve d’un minimum de rigueur pour rester une source de référence crédible.
      Cordialement

  5. zozefine dit :

    bonjour. je voulais mettre un lien sur ma page FB vers un de vos articles (moëlle vs moelle), et pour une très très obscure raison, FB censure votre site. j’ai essayé avec plusieurs de vos articles, mais rien n’y fait. faute de vous « partager », permettez-moi au moins de vous remercier pour ce blog vraiment passionnant.

    • rouleaum dit :

      Je crains que mon blogue soit censuré par FB parce que j’ai déjà utilisé le mot « nigger », sans aucune mauvaise intention, pourtant.

      Quand on laisse l’intelligence artificielle prendre le contrôle, rien ne nous assure que les décisions prises seront « intelligentes ».

      Hélas!

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