Œuf, cœur, moelle… (1 de 3)

Papi, pourquoi…? (1)

 

Récemment, mon petit-fils Laurent, qui vient tout juste d’entrer en deuxième année, m’appelle.

—     Papi, pourquoi, dans mon livre, le o et le e sont toujours collés?

—     Quels sont ces mots? lui demandai-je. [Je m’assurais, ce faisant, quelques moments de réflexion – vieux truc de professeur – , car je savais fort bien ce qu’il était pour dire, mais j’ignorais encore ce que, moi, j’allais lui dire.]

—     Œuf et cœur, papi.

—     Euh…

Sa mère lui avait fort certainement dit : « Téléphone à papi, il devrait savoir, lui. » Ma fille a cru, bien à tort, que j’aurais une réponse intelligente à lui fournir; qu’il existait une explication qu’elle ne connaissait pas, elle, scientifique de formation , mais que, moi, scientifique converti, je connaissais assurément. J’ai dû la décevoir, car je n’ai pu répondre à Laurent autre chose que « parce que c’est comme ça ». J’étais à ne pas en douter à court d’explication.

Même si j’avais su la réponse à sa question, aurais-je pu la formuler pour qu’elle soit intelligible à un enfant de presque 8 ans? Rien n’est moins sûr. En passant, qu’auriez-vous répondu à ma place? Si vous avez une idée à me proposer, n’hésitez pas à m’en faire part, car la même question me sera fort probablement posée à nouveau, ou de nouveau, dans deux ans, quand son frère cadet, Julien, entrera à son tour en deuxième année. À moins que l’aîné ne l’ait alors déjà informé que même papi n’en sait rien.

La question de Laurent, je ne me l’étais jamais posée, Point n’est besoin de vous dire que ce cher enfant venait de piquer ma curiosité. Une fois la conversation terminée, je me suis mis à ruminer…

  • Y a-t-il, en français, beaucoup de mots où le o et le e se suivent?
  • Dans combien de mots ces deux voyelles sont-elles liées (1)?
  • Ces deux voyelles peuvent-elles n’être que juxtaposées?
  • D’où provient cette façon d’écrire? Est-elle française d’origine ou importée?
  • Pourquoi tantôt juxtaposées, tantôt liées?
  • Ces deux voyelles se prononcent-elles de la même façon, liées ou non? Etc.

Autant de questions auxquelles j’étais incapable de répondre sur-le-champ. Ne serait-ce que pour en avoir le cœur net, j’ai décidé d’examiner de plus près cette problématique. J’ai donc fait un recensement des mots dans lesquels on rencontre la suite oe.

Fréquences des différentes formes

Grâce à la version électronique du Nouveau Petit Robert (NPR 2010), il est aisé de savoir le nombre de mots vedettes contenant un o suivi immédiatement d’un e (toutes formes confondues).  Il y en a 294, qui se répartissent comme suit :

  •   40 mots ont leur o et e juxtaposés (ex. coefficient);
  • 140 ont leur o et e liés (ex. œuf);
  • 114 ont leur e coiffé d’un signe diacritique (ex. can, als, ple, nl);
  • dans 89 mots; dans 12 mots; dans 7 mots et dans 6 mots.

Juxtaposition

Examinons les 40 mots où les voyelles o et e sont simplement juxtaposées (ex. coefficient). Il serait plus exact de parler de 39 mots, car l’une des occurrences détectées n’est pas pertinente. Il s’agit non pas d’un mot, mais d’une locution latine de commodO Et incommodo (sous incommode). Les o et e ne faisant pas partie du même mot, leur proximité n’y pose pas plus de problème que dans prendre une photO Et s’en aller. Oublions-la.

Voyons ce qu’ont de particulier ces 39 mots, où le o et le e (sans signe diacritique) sont juxtaposés.

  • Dans 27 d’entre eux, ce voisinage de voyelles a été créé de toutes pièces. Il résulte de l’addition d’un préfixe se terminant par un o (d’origine grecque ou latine) à un mot (appelé base ou racine), commençant par un e (ex. : coexistence, microentreprise). Ce procédé de formation est connu sous le nom de dérivation préfixale. La prononciation de ces 27 mots, ou  dérivés, ne pose aucun problème, les deux voyelles en question se prononçant séparément, comme elles sont écrites. Dans bien des cas, cette juxtaposition résulte de la disparition du trait d’union (2) qui, au départ, reliait le préfixe à la racine (ex. électro-encéphalogrammeélectroencéphalogramme). Si l’on avait mis un trait d’union, c’était pour éviter une succession de voyelles appartenant à des syllabes différentes (ou hiatus). Avec le temps, les régents ont fini par ne plus s’en formaliser. Aujourd’hui, ils l’admettent, voire ils l’imposent.
  • Dans les 12 autres mots, la juxtaposition des voyelles o et e n’a pas été créée de toutes pièces. Elle a été empruntée à d’autres langues.

D’après le Robert, 6 de ces mots sont d’origine latine : aloe vera, moelle, moelleusement, moelleux, moellon, moellage. À noter que 5 d’entre eux appartiennent à la même famille étymologique, celle de moelle, ce qui réduit le nombre d’emprunts formels à 2.

La juxtaposition dans ces mots d’un o et d’un e embête-t-elle le locuteur qui veut les prononcer pour la première fois? Au jeune qui apprend à lire, la prononciation de chacun d’eux pose problème. À l’adulte, seule la prononciation de aloe vera pourrait poser problème, car le mot moelle fait certainement partie de son vocabulaire. – Quant à savoir s’il le prononce correctement, c’est une autre histoire. – Voyons ce qu’il en est de aloe. Faut-il ou non prononcer le e? Le NPR nous dit que ce e doit, tout comme celui de vera, se prononcer é (3).Pour que la prononciation de ce mot ne soit jamais fautive, le NPR 2010 propose même la variante orthographique, aloé véra, variante que ne reconnaît toutefois pas le Larousse en ligne (4).

Et qu’en est-il de la prononciation des 5 autres mots de ce groupe, qui, nous l’avons mentionné précédemment, appartiennent tous à la même famille étymologique, celle de moelle.

Si l’on dit correctement moelle, la prononciation des autres mots ne devrait poser aucun problème. C’est du moins ce que je croyais, jusqu’à ce que je lise, dans le NPR 2010, à l’entrée moelleux, la remarque suivante : « rem. La prononciation fautive [mwelø] est courante. » Il semblerait donc que aloe vera ne soit pas le seul mot de cette catégorie qui serait mal prononcé. Ne trouvez-vous pas étonnant que la majorité des gens (c’est le sens que je donne à courant) prononce mal moelleux, mais aucun autre mot de la même famille?…  Moi, oui. Qui donc a décidé que la bonne prononciation de moelle est [mwal] (moualle) et non [mwel] (mouèle)? (5)

Les 6 autres mots sont empruntés à 6 langues différentes : boette (breton), capoeira (brésilien),  foehn (allemand), minoen (anglais), moere (hollandais) et pekoe (chinois).

La prononciation de ces mots, la « bonne » il va sans dire, celle que nous fournit le Robert, n’est pas apparente – elle est même problématique – en raison précisément de leur origine étrangère.

  • Dans capoeira; le se prononce é.
  • Dans boetteet moere, il se prononce è.
  • Dans minoen, il forme le son in avec le n qui le suit.
  • Dans foehn, il se fond avec le o pour donner eu,  comme dans peu.
  • Dans pekoe, le e ne se prononce pas!

Comment ne pas faire de « faute » quand on utilise ces mots pour la première fois? Je vous le demande.

Examinons de près la prononciation et, du même coup, la graphie de chacun d’eux.

BOETTE se prononce  [bwɛt], prononciation empruntée sans doute à sa langue d’origine. Le NPR nous propose même une variante orthographique, bouette, qui se veut le reflet fidèle de la prononciation. Pourquoi proposer cette variante, si non parce que la prononciation est problématique, voire même  fautive. Ce souci de rectifier la prononciation est-elle une constante chez les régents? S’observe-t-il chaque fois que la prononciation d’un mot ne correspond pas à sa graphie? Hélàs, non! C’est ce que nous allons bientôt voir. Pourquoi, dans ce cas-ci, y a-t-il eu intervention? Ce mot serait-il si couramment utilisé – donc si souvent mal prononcé – qu’il faille absolument imposer cette variante? Euh…

Le Larousse en ligne fait preuve de beaucoup plus d’originalité. Il nous offre 4 graphies : boette, boëte, bouette ou  boitte, sans toutefois en privilégier une, sauf peut-être, implicitement, boette, car c’est la graphie du mot vedette, le mot mis en entrée. La prononciation de ces 4 graphies ne peut pas être identique. En effet, le tréma sert à indiquer que la voyelle qui le porte se prononce séparément de celle qui la précède (donc bo-ette); et boitte devrait, par analogie avec boiter et autres mots de la même famille étymologique, se prononcer [bwate] et non [bwɛte]. Du moins, je le pense. Est-il nécessaire de rappeler que, d’après le NPR, moelleux doit se prononcer [mwalø] (moualleux) et non pas [mwelø] (mouèleux), contrairement à ce que bien des gens disent? Quelle est donc la « bonne » prononciation de boitte? Qui sait?

               Deux dictionnaires, deux solutions différentes…  Donc deux poids, deux mesures. Les dictionnaires ne sont-ils pas pourtant censés refléter l’usage actuel? L’Usage varierait-il  selon l’observateur? Les dictionnaires seraient-ils devenus des ouvrages normatifs et non plus « illustratifs » de l’Usage? Difficile de ne pas se poser la question.

CAPOEIRA  se prononce [kapueʀa] ou [kapueiʀa], nous dit le NPR. Cette double prononciation m’intrigue. D’où vient que l’on puisse ou non prononcer le i? Euh… Le Larousse nous fournit peut-être une piste de solution. Ce dictionnaire ne donne pas de prononciation – c’est connu –  mais il nous fournit  le mot d’origine (ce que, cette fois-ci, le NPR n’a pas fait). Ce mot aurait été emprunté du guarani (langue amérindienne d’Amérique du Sud) : caa apuera, « île à l’herbe rase ». Si tel est bien le cas, comment expliquer la présence du i dans le mot français? Euh… À remarquer également que le o se prononce ou! Ce qui ajoute à la difficulté de le prononcer correctement la première fois qu’on s’y essaie.

FOEHN  s’écrit, d’après le Larousse en ligne,  fœhn ou föhn. Le NPR 2010 ne lui reconnaît qu’une seule graphie : foehn. – Remarquez qu’ici les deux voyelles sont juxtaposées et non liées comme dans le Larousse. –  Et sa prononciation surprend. Comment savoir qu’il faut prononcer « feune » [føn]?  Il suffit, dirait un malin, de savoir que c’est un mot allemand et  de connaître quelques rudiments de cette langue. Deux conditions qui ne sont pas facilement réalisées. C’est donc dire que prononcer ce mot correctement pour la première fois est une mission impossible.

Mais d’où vient donc le tréma auquel recourt le Larousse (föhn)? C’est là que la connaissance de certains rudiments de l’allemand se révèle utile. La langue française utilise le tréma, la langue allemande l’Umlaut. Ces deux signes diacritiques ont, dans les deux langues, la même apparence, mais pas la même fonction.

  1. La présence d’un tréma indique que la voyelle porteuse de ce signe se prononce séparément de celle qu’elle côtoie.
  2. La présence d’un Umlaut sur un ä, ö ou ü confère un son différent à la voyelle ainsi coiffée. À la manière de l’accent aigu ou de l’accent grave que nous connaissons bien.  Le ä se prononce è ; le  ö  se prononce eu et le ü se prononce u (le u sans umlaut se prononce ou).
  3. En français, le tréma est toujours indiqué; en allemand, la lettre porteuse d’un umlaut est souvent imprimée sous forme d’un digramme (ae, oe, ue), d’où foehn. Si le ö devient oe, force est de reconnaître que la graphie fœhn, rencontrée dans le Larousse en ligne, demeure un mystère (6).

MINOEN se prononce [minɔɛ̃]. Le e se prononce séparément du o et donne, avec le n qui le suit, le son in comme dans bain, plein. Comment le savoir si l’on ne l’a jamais entendu prononcer? Peut-on se baser sur la prononciation d’autres mots ayant la même finale? La réponse est NON, car le seul mot dans le NPR qui se termine par –oen, c’est minoen. Comme cet adjectif vient de l’anglais, sa prononciation se rapproche de celle du mot d’origine, minoan. Facile à dire, mais à la condition de savoir l’anglais!

MOERE se prononce [mwɛʀ]. Le NPR nous fournit même une autre graphie moère, qu’il ne qualifie pas de « variante orthographique ». Pourtant il ne fournit qu’une seule transcription phonétique. La graphie mouère ne correspondrait-elle pas mieux que moère à la prononciation du mot vedette? Je suis porté à le penser, mais les régents en ont décidé autrement. Dans 10 des 12 mots contenant la suite , le o se prononce séparément du è (ex. poème [pɔɛm] et non [pwɛm]). Comment expliquer que moère se prononce [mwɛʀ] et non pas [mɔɛʀ]? (7)

Le Larousse en ligne nous aussi offre deux graphies, différentes en partie toutefois de celles du NPR. Ce sont moere et mre. Vu que le tréma oblige à prononcer séparément les deux voyelles, il est clair que, phonétiquement, mre ne peut se prononcer [mwɛʀ]. Où a-t-on bien pu pêcher cette graphie? Euh…

PEKOE fait bande à part dans cette série de mots contenant la suite oe, car c’est un mot d’origine chinoise. Il se prononce, nous dit-on, [peko], i.e. péko. Le second e ne se prononce pas; le premier e se prononce é comme dans aller, blé, chez. D’où sans doute la variante mentionnée : pékoe. Cette double graphie n’est pas sans susciter des interrogations.

Comme chacun le sait, l’écriture chinoise recourt à des idéogrammes et non à l’alphabet latin comme le font de nombreuses langues occidentales (p. ex. : l’anglais, le hollandais, l’allemand, le portugais brésilien et le breton). Et la transcription en français d’un mot d’une langue qui n’utilise pas les caractères latins (ex. le grec) s’appelle translittération. Cette opération consiste, nous dit le dictionnaire, à « transcrire lettre à lettre chaque graphème d’un système d’écriture correspondant à un graphème d’un autre système, sans qu’on se préoccupe de la prononciation ». Exemple : άβουλία, mot grec qui signifie « imprudence », a donné, après translittération, le mot français aboulie. Chaque lettre du mot grec a été transcrite en sa correspondante latine et sa terminaison a été francisée. Cela se conçoit assez facilement, mais qu’on en dise autant d’un mot d’origine chinoise a de quoi me surprendre, car le chinois n’utilise pas de lettres, mais des idéogrammes, i.e. « caractère graphique, qui dans certains systèmes d’écriture (égyptien, chinois) désigne un morphème entier non décomposé en phonèmes ». Étant donné qu’il est impossible de transcrire lettre à lettre un mot chinois en français, on doit, selon toute vraisemblance, transcrire les sons. Mais même cette possibilité est prise en défaut. En effet, comment expliquer, sur la seule base des sons, la présence, dans pekoe, du e final qui ne se prononce pas? Et celle du premier e qui se prononce é (e fermé)? Euh… Me voilà face à des incohérences. Ces singularités ne sont pas l’apanage du seul mot pekoe. Que non! Pourquoi y a-t-il un h final dans poussah, si ce mot vient, d’après le NPR, du chinois pu-sa? D’où vient le t de litchi, si le mot chinois est li-chi? Pourquoi avoir mis un g final à ginseng, qui vient du chinois jên-shên; ou encore le r de sharpeï, qui vient du chinois sà péí? De toute évidence, il y a un manque flagrant de correspondance entre la graphie et la prononciation. C’est précisément ce qu’on observe à propos de la prononciation de pekoe. Pourquoi le le Larousse en ligne ne nous fournit-il pas la variante pékoe? Autrement dit, pourquoi avoir transcrit pe(ko) s’il faut le prononcer pé(ko)? Euh…

Bref, la prononciation des mots où le o et le e sont juxtaposés ne pose pas de problème si ce sont des mots créés par dérivation préfixale. Elle en pose si ces mots ont été empruntés à des langues étrangères. Car, pour bien prononcer ces derniers, il faut connaître certains rudiments de la langue d’origine. Autrement, leur prononciation est défectueuse.

Qu’en est-il des mots où le o et le e sont liés? C’est ce que nous verrons dans le prochain billet.

Maurice Rouleau

1-    Ligature, c’est le nom donné à tout ensemble de lettres liées qui forment un caractère unique (ex. œ).

2-     Cette disparition du trait d’union n’est pas observée qu’entre les voyelles o et e. On la rencontre dans d’autres dérivés (ex. : neuro-végétatifneurovégétatif; physico-chimiephysicochimie).

3-    La prononciation de aloe, mot emprunté du latin, me rappelle celle de canoe, emprunté de l’anglais. Dans les deux cas, le e final se prononce é. Que la variante orthographique proposée par le Robert soit aloé ne choque pas l’entendement. Mais il en est tout autrement avec canoe qui est devenu en français canoë. Pourquoi pas canoé? C’est ce que tout Québécois fait, je dirais naturellement. André Goosse (# 105, Le Bon Usage, 2008) s’est rendu à l’évidence : « L’Ac. 2001 entérine la graphie aberrante canoë, qui contredit la prononciation [kanɔe]; les Québécois préfèrent avec raison canoé» C’est moi qui souligne, vous l’aurez deviné.

4-    Cette discordance entre dictionnaires, aussi étrange qu’elle puisse paraître, est beaucoup plus fréquente qu’on pourrait le croire. J’aborderai cette question dans un prochain billet.

5-    J’ai déjà abordé le problème que posent la graphie de ce mot, et sa prononciation.   https://rouleaum.wordpress.com/2012/07/18/moelle-ou-moelle/

6-    N’allez pas croire que le Larousse est le seul à transcrire le ö allemand en œ. Le NPR le fait également. Ex. rösti ou rœsti; ou encore lœss, seule graphie admise du mot allemand lösch. Quelle est donc la « bonne » façon de convertir le ö allemand? Euh…

7-    À part moère, il existe un autre mot où la prononciation de la suite fait exception. C’est foène, La « bonne » prononciation serait, si l’on en croit les régents, [fwɛn] et non pas [fɔɛn]!

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9 commentaires pour Œuf, cœur, moelle… (1 de 3)

  1. Martin dit :

    Bonjour et bravo pour cet article ! Je voudrais apporter un complément d’informations au sujet d’Aloe vera. Si les deux mots sont empruntés du latin, déjà il convient d’en donner le sens complet c’est-à-dire « Aloès véritable » (Aloe est féminin en latin d’où l’adjectif verus utilisé au féminin, vera)

    – Le « e » d’Aloe se prononce « é » non pas parce qu’il est final mais tout simplement parce qu’en latin le « e » ne se prononce jamais comme « eux » mais a toujours le son é.
    Exemple : bene (bien) se prononce béné.

    – Il y a un problème avec la prononciation de « vera » qui DOIT se prononcer « ouéra ». En effet, la lettre V n’existe pas en latin, pas plus que la lettre J.
    La lettre écrite V n’est autre que la lettre U et se prononce « ou ».

    Depuis le XVIe siècle, les livres scolaires et dictionnaires écrivent « v » le u consonne et « j » le i consonne pour faciliter la lecture. Mais la prononciation ne doit pas changer pour autant.

    Exemple : ave Caesar (Salut César) se lit « aoué Kaéssar » et non pas avé (avec le son v).

    En conclusion : Aloe se prononce aloé, bien d’accord (le son « e » n’existant pas)
    Mais vera doit (ou devrait) se prononcer ouéra et non pas véra (avec le son v).

    Si on emploie des mots latins, faisons l’effort de les prononcer correctement 🙂

    • rouleaum dit :

      Merci pour vos précisions.
      Ceux qui m’ont enseigné le latin n’en savaient que ce que leur bréviaire contenait. Hélas! Effectivement, ils prononçaient béné (pour bene). Et j’ai copié leur façon de dire.
      Quand un mot est emprunté depuis un certain temps d’une langue étrangère, il a subi des ans l’irréparable outrage, dirait un de mes bons amis. Le mot s’est francisé, aussi bien pour la prononciation que pour la graphie.
      Pour qui ne s’y connaît pas en langues étrangères (latin ou autre) il est normal de se demander pourquoi il faut dire aloé et pas pékoé. Et c’est précisément la contradiction que je voulais mettre en évidence, contradiction qui peut, je l’avoue, passer inaperçue à qui connaît le latin aussi bien que vous.
      Je ne saurais être un partisan de l’ancienne prononciation du latin, car la francisation a fait son œuvre. À sa façon et cette façon n’est pas toujours cohérente.

  2. Martin dit :

    Je voulais faire référence à ceux qui nous dictent comment écrire ou comment prononcer.
    Je n’accepte pas que ces maîtres procèdent de façon incohérente dans des dictionnaires sensés être érudits et représenter un français chatié.
    S’ils se mettent à « parler » comme le français moyen, il n’y a plus d’intérêt (pour moi) à les consulter sauf s’ils précisent « Dictionnaire du français de rue » ou un titre dans ce genre.

  3. Martin dit :

    Pour pekoe les recommandations me gênent moins que pour aloe vera où on a fait le travail à moitié. C’est un barbarisme pour moi d’entendre Véra un peu comme si vous disiez pilosopi pour
    philosophie. Pour pekoe je ne vois pas réellement où est le problème. Si le mot venait de l’indonésien, il devrait se lire ‘peukou’, le ‘oe’ se prononçant ou.
    On a introduit le « feng shui » dans nos dictionnaires, a-t-on précisé la bonne prononciation car même de la part des pratiquants, j’ai coutume d’entendre différentes sonorités.
    Ce qui prouve qu’il n’y a pas eu éducation des lecteurs ou des locuteurs.
    Lorsqu’on dispose de moyens formidables de communication par des ouvrages reconnus, on se doit d’avoir un rôle éducatif, on ne peut faire les choses à moitié.
    On ne peut dire on va citer cette règle parce que « çà va passer », sans donner d’explications et laisser tomber telle autre parce qu’on n’a pas envie d’entrer dans les détails.

  4. martin dit :

    Bonjour Monsieur Rouleau, je m’excuse d’utiliser cette zone pour vous contacter mais c’est en vain que j’ai cherché un autre moyen (email ou autre), veuillez bien m’en pardonner.
    Je voulais vous dire que vous m’avez donné l’idée de créer mon blog, à propos du génie du latin.
    Je consacre un premier billet à parler de la langue française et de la PSEUDO descendance du latin.
    Peut-être serez-vous intéressé par y jeter un coup d’oeil. Je fournis également des documents inédits, issus de recherches personnelles.
    Voici le lien : http://geniedulatin.canalblog.com/

  5. Martin dit :

    Une dernière remarque au sujet d’aloe vera si vous le permettez. On a vu qu’il s’agissait là de deux mots latins. Mais il convient d’ajouter que ce même mot, aloe vient directement du mot grec correspondant.
    Les grammairiens latins allaient jusqu’à mettre un tréma sur le e qui, ainsi que vous l’avez souligné, servait à signaler que ce « e » devait se prononcer sans être lié à la voyelle juxtaposée.
    Or je remarque que ce ë (e avec tréma) latin devient souvent un è (e avec accent grave en français).
    La preuve avec poeta (poète), poema (poème) et ici aloe (aloès)

  6. Liz Daniel dit :

    Un plaisir d’avoir tombé sur votre blogue!

  7. Feldmann dit :

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